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2015, DEBOUT POUR LA LIBERTE ET CONTRE LE TERRORISME

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« Que l’autre soit et qu’il soit l’autre »
Henri Madelin
(Jésuite- ancien directeur de la revue « Etudes »)

Chaque année, c’est avec un grand plaisir que j’envisage d’adresser mes meilleurs vœux pour la nouvelle année à mes proches, mes clients, mes confrères, mes fournisseurs. C’est un moment où j’ai envie de leur exprimer ma sympathie en leur souhaitant pour l’année nouvelle des arcs en ciel, pour colorer les idées noires, des sourires, pour chasser la tristesse, de l’audace, pour que les choses ne restent jamais en place, de la confiance, pour faire disparaître les doutes, du réconfort pour adoucir les jours difficiles, de la générosité, pour le plaisir de partager, du courage, pour continuer à avancer. Oui, souhaiter l’année nouvelle est une belle tradition, et puisque la santé est le ressort du bonheur, on désire pour eux une année heureuse et une bonne santé en toute sincérité.

Mais cette année, ces vœux auront un goût amer, car la barbarie, les 7, 8 et 9 janvier 2015, a frappé notre beau pays, en souhaitant démolir des valeurs républicaines comme le respect de la vie et la liberté de penser.

C’est Voltaire que l’on assassine

Charlie Hebdo est un journal satirique, contenant de nombreuses caricatures, que nul n’est obligé d’acheter ou de lire. Toute caricature s’analyse en un portrait qui s’affranchit du bon goût pour remplir une fonction parodique, que ce soit sur le mode burlesque ou grotesque, que l’exagération fonctionne alors à la manière du mot d’esprit qui permet de contourner la censure, d’utiliser l’ironie comme instrument de critique sociale et politique, en faisant appel au jugement et au débat. Le genre littéraire de la caricature, bien que délibérément provocant, participe, à ce titre, de la liberté d’expression et de communication des pensées et des opinions.

Charlie Hebdo, c’est l’héritier du « Roman de renard » de Voltaire, de la France irrévérencieuse et irrespectueuse, de cette liberté de parole et de ton que nous chérissons tant. Car en France, on aime par-dessus tout, la moquerie et la satire. Nous sommes tous Charlie, des affreux jojos. Cabu, Wolinski et les autres étaient de joyeux drilles, pour qui une journée sans rire était une journée perdue. Ils sont devenus bien malgré eux des martyrs de la défense de la liberté d’expression.

Attaquer un journal, c’est attaquer la liberté d’expression. C’est déclarer aux journalistes que toute critique de l’islam peut entraîner une condamnation à mort. C’est vouloir faire de l’islam un bloc sacré qui ne peut jamais être remis en question.

En France, il y a deux cent cinquante ans, le chevalier de La Barre avait été supplicié pour «impiété, blasphèmes, sacrilèges exécrables et abominables» au terme d’un procès inique, mais c’était au 18ème siècle !

Dans l’affaire des caricatures de Mahomet, la 17ème chambre correctionnelle de Paris, dans son jugement du 22 mars 2007, avait dit le droit tel qu’il est appliqué dans notre République, et tel que l’impose la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme. Le tribunal avait souligné qu’ : « en France, société laïque et pluraliste, le respect de toutes les croyances va de pair avec la liberté de critiquer les religions quelles qu’elles soient, et avec celle de représenter des sujets ou objets de vénération religieuse ; que le blasphème, qui outrage la divinité ou la religion, n’y est pas réprimé. » Les associations de défense de la religion musulmane ont, par ces motifs, été déboutées des poursuites qu’elles avaient diligentées contre Charlie Hebdo du chef d’injure envers une religion. La liberté ainsi reconnue aux dessinateurs de Charlie Hebdo était confortée. Et ils ont pu continuer leur œuvre. Le droit et le juge français les protégeaient. Ils avaient été les premiers, au sortir de mai 1968, à bousculer les traditions. Certes, la caricature est en France « un genre littéraire » auquel les juges ont accordé, depuis 1835, des licences particulières. Mais ce sont bien Cabu, Wolinski et les autres qui ont, les premiers, porté l’outrance et l’irrévérence dans des dessins jusqu’alors proscrits, car considérés comme trop vulgaires ou licencieux. Ils sont les pères fondateurs d’un genre humoristique et d’une expression libertaire nouveaux, et ont inspiré tous les suivants, depuis Coluche jusqu’à l’esprit Canal, pour lesquels la jurisprudence a consacré un véritable « droit à l’humour ».

C’est d’ailleurs Charlie Hebdo qui a obtenu du juge, pour la première fois, l’attendu de principe qui a aujourd’hui force de loi : « On doit tolérer l’inconvenance grossière et provocatrice, l’irrévérence sarcastique sur le bon goût desquelles l’appréciation de chacun reste libre, qui ne peuvent être perçues sans tenir compte de leur vocation ouvertement satirique et humoristique, qui permet des exagérations, des déformations et des présentations ironiques. »

La France est un pays de liberté d’expression. On sait que la liberté d’expression constitue, selon la formule de Mirabeau, « un des biens les plus précieux de l’homme », car elle est « une des conditions primordiales d’une société démocratique, de son progrès et de l’épanouissement de chacun », selon la Cour européenne de Strasbourg.

Deux écervelés, endoctrinés, entraînés et armés par des ennemis déclarés de cette liberté, ont abattu comme des chiens ceux qui étaient donc les premiers « chiens de garde de notre démocratie ».

Toutefois, cela n’était pas suffisant, il fallait tuer des policiers dans l’exercice de leurs fonctions ou encore des juifs qui faisaient leurs courses.

Pourtant, la religion n’est pas un permis de tuer. À ma connaissance, aucune religion n’affirme qu’il soit acceptable de tuer. Au contraire, elles incitent toutes à l’acceptation de la différence, de la tolérance et du respect..

Nous sommes des cibles

Pour les terroristes, nous sommes des cibles parce que nous croyons en la liberté d’expression, en la laïcité, en l’égalité entre les hommes et les femmes, nous sommes des cibles parce que nous voulons rester libres et égaux. Nous sommes des cibles parce que nous défendons les droits de l’homme contre l’intolérance, la liberté contre la barbarie.

Ils ont essayé d’assassiner la liberté. Ces sots ne savaient pas que cela est impossible.

Lutter contre la barbarie

Nous devons combattre la violence sans renoncer aux principes et aux règles de l’État de droit. Quelle que soit l’horreur du terrorisme, la lutte contre la barbarie ne peut s’affranchir des valeurs de la démocratie. C’est la liberté qui est l’arme fatale contre les ennemis de la liberté. Pour Aristophane, «l’éducation ce n’est pas seulement remplir un vase, c’est aussi allumer une flamme». Nous devons apprendre aux nouvelles générations, à lire et à écrire, mais également former des êtres humains dans leur tête et leur cœur à la bienveillance.

Au nom de GESICA, j’exprime aux victimes de l’attentat barbare et à leurs proches, le soutien des membres du réseau qui s’associent unanimement à leur douleur.

Face aux idéologies de la haine, je rappelle que les valeurs républicaines et démocratiques imposent une protection sans faille de la liberté d’opinion et d’expression et impliquent le respect de la vie. Jamais nous ne cèderons à la terreur que souhaitent faire régner les terroristes, cultivons les valeurs qui nous protègent pour mieux vivre ensemble.

Ils voulaient nous mettre à genoux, ils se sont heurtés à 4 millions de Français qui se sont dressés en rempart de la liberté, en vigie de la démocratie.

Bonne année 2015.
Gérard HAAS, Président

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