01 56 43 68 80

6, rue de Saint-Petersbourg, 75008 Paris

Carnet de voyage. Avril 2008. "Le fléau du faux"

Logo HAAS 2022

Alexandra Zimeray est étudiante en Master de droit à l’Université de Shanghai depuis 5 mois. En collaboration avec Carla Hirschhorn, responsable du pôle développement international de HAAS Société d’Avocats, Alexandra nous fait partager ses réflexions et ses expériences à travers un carnet de bord publié chaque mois dans la rubrique « Chine »  du site du cabinet.

Je me présente, je m’appelle Alexandra, je suis française et étudiante en droit. Après 4 années passées sur les bancs de la fac, je suis partie en Chine poursuivre mon cursus en droit chinois. J’étais curieuse de découvrir comment les Chinois appréhendaient le droit, curieuse aussi de découvrir cette culture si éloignée de la nôtre. Le voyage est à la hauteur de mes attentes !

Carnet de voyage N° 2
« Le fléau du faux »

«Vrai ou un faux ? ». Voici une question qui, en France, pourrait paraître déplacée. En Chine, elle prend tout son sens.

Les pratiques de contrefaçon qui sévissent en Chine sont montrées du doigt et sont violemment dénoncées par la communauté internationale.  Les marques et créations de grands couturiers et designers sont ouvertement copiées, fabriquées, reproduites et revendues dans des boutiques indépendantes et dans des établissements spécifiques, très appréciés des touristes, et identifiables sous le nom de «Fake Market» (marché du faux). Les copies de sac sont pour la plupart en simili cuir, les chaussures sont en plastique et les montres en ferraille : la différence d’avec « un vrai » est donc souvent aisée. Toutefois, la qualité de copie de certains produits, plus rares et non exposés est à s’y méprendre.

Les œuvres cinématographiques ou musicales, les séries télévisées et tout autre programme ayant une certaine notoriété subissent le même traitement. Les CD et DVD sont copiés, reproduits puis vendus à des prix dérisoires (env. 10 RMB, soit 1 euro) dans des magasins ou dans la rue. Le panel de films est plutôt étendu puisqu’on y trouve aussi bien du cinéma hongkongais que des grosses productions américaines, voire des films européens à gros succès. La qualité est à la hauteur du prix : médiocre. En effet, la plus part des films sont téléchargés à partir d’internet !
 
Ces pratiques ardemment combattues en France et dans de très nombreux pays occidentaux ne subissent pas le même sort en Chine. En effet, les autorités ferment les yeux sur ces procédés qui génèrent une source de revenus majeurs pour ce pays. De plus, nos éducations et conditionnements respectifs peuvent, sans justifier, nous aider à comprendre et analyser le phénomène « copie ».

Société chinoise et contrefaçon

Les professeurs de droit qui ont abordé dans le cadre de nos cours le thème de la propriété intellectuelle nous enseignent à titre introductif la chose suivante : l’étude du fléau de la contrefaçon et du droit de la propriété intellectuelle chinois ne peut s’appréhender sans prendre conscience de l’étendue du fossé culturel qui sépare la culture chinoise de notre culture occidentale. 

En effet, en France, l’éducation que nous recevons à la maison, à l’école, au lycée ou à l’université, nous retenons l’enseignement suivant : il faut nous distinguer. Sans être nécessairement excentrique, trouver son propre style et l’élément qui fera la différence d´avec les autres. Telle est la clé de notre réussite.

En Chine, c’est exactement l’inverse. Les enfants sont instruits à se fondre dans la masse, à suivre le groupe, à répéter avec exactitude le cours dispensé par le professeur, et à exclure de leur comportement toute forme de singularité. En outre, dès leur plus jeune age, ces mêmes enfants sont enseignés à copier, et recopier les centaines de caractères de la langue chinoise jusqu’à ce que l’apprentissage soit certain et l’écriture parfaite.

L’art de la calligraphie suit d’ailleurs le même raisonnement. L’éducation chinoise ne laisse aucune place à l’imprévu, à l’originalité et à l’imagination. Ainsi, pour devenir un maître en calligraphie, il faut réussir à copier parfaitement les maîtres des générations précédentes. Eux mêmes recopiaient les œuvres de leurs prédécesseurs qui n’étaient des maîtres uniquement parce qu’ils étaient dignes d’être copiés.

En d’autres termes, chacun fait ce qu’il a toujours appris à faire. Dans une ère de mondialisation, cette expérience en Chine démontre que les identités culturelles ne peuvent s’effacer et qu’il est donc nécessaire d’apprendre à connaître nos partenaires pour les comprendre et ainsi pouvoir être en mesure de trouver des solutions adaptées.

Vous êtes étudiant, vous effectuez un stage juridique à l’étranger, votre expérience nous intéresse. N’hésitez pas à nous contacter. 

ENVELOPPE NEWSLETTER copie

L'actu juridique numérique
du mardi matin.

Inscrivez-vous pour recevoir nos derniers articles, podcasts, vidéos et invitations aux webinars juridiques.

*Champs requis. Le cabinet HAAS Avocats traite votre adresse e-mail pour vous envoyer ses newsletters.

Vous pouvez accéder aux données vous concernant, les rectifier, demander leur effacement ou exercer votre droit à la limitation du traitement de vos données en nous contact à l’adresse mail suivante : dpo@haas-avocats.com