Tout comme l’internet, le commerce en ligne a connu une véritable explosion en Chine, séduisant désormais plus du quart des internautes du géant asiatique, mais d’importants défis subsistent pour les rassurer sur la qualité et le sérieux des services.
« Je préfère acheter sur internet, c’est beaucoup plus pratique, je suis sûre de trouver tout ce que je veux et c’est parfois moins cher que dans les supermarchés », explique Xue Ling, 27 ans, consultante en formation.
Cette adepte du shopping facile n’hésite pas à passer des heures, au bureau ou chez elle, pour comparer les prix d’un site à l’autre, alors que la Chine a renoué ces derniers mois avec l’inflation.
Sur le point de dépasser les Etats-Unis en nombre d’internautes, la Chine comptait 210 millions d’utilisateurs de la toile fin 2007, dont 55 millions y ayant fait des emplettes dans l’année et dépensé cinq fois plus d’argent que cinq ans plus tôt.
Si les sommes dépensées restent encore modestes — quelque 1.000 yuans l’an dernier (94 euros, 139 dollars) par consommateur pour un chiffre d’affaires total pour le secteur de 59,4 milliards de yuans (0,64% de la consommation totale du pays) –, le rythme de progression est rapide.
« Pour la grande distribution classique, la barre des 50 milliards de yuans est un seuil. Gome (le leader de la distribution d’électroménager en Chine) a mis 19 ans pour atteindre ce chiffre, alors qu’il n’en a fallu que neuf à l’e-commerce en Chine », a souligné, dans un récent rapport, l’institut iResearch de Pékin, spécialisé dans les nouvelles technologies.
Le site Taobao, filiale du groupe Alibaba dans lequel Yahoo a investi un milliard de dollars en 2005, règne en maître sur cet univers, avec plus de 80% de part de marché.
« Nous sommes déjà le distributeur en ligne le plus important d’Asie et nous comptons bien devenir le n°1 mondial », proclame Porter Erisman, porte-parole de Taobao, basé à Hangzhou (est), à 200 kilomètres au sud-ouest de Shanghai. Le succès de Taobao n’est aujourd’hui menacé par aucun autre concurrent.
Le site a enregistré des ventes de 43,3 milliards de yuans (plus de 4 mds d’euros) en 2007, selon les chiffres de iResearch.
De son côté, le groupe français Carrefour, numéro deux mondial de la distribution, a réalisé en Chine un chiffre d’affaires de 30 milliards de yuans.
La faiblesse de la sécurisation des paiements en ligne, la défiance des acheteurs et la pauvreté des réseaux de distribution restent néanmoins des défis à relever pour ces nouveaux distributeurs.
« Il m’est déjà arrivé d’acheter des produits et de recevoir des contrefaçons », témoigne l’internaute Xue Ling.
Chez Alibaba, on affirme que l’on procède à des visites chez les fournisseurs avant de leur donner un agrément, mais une responsable reconnaît aussi que la société « n’a pas les moyens de mener des vérifications approfondies ».
PPG, une entreprise présentée comme un modèle de réussite de commerce jusqu’à ce qu’elle se retrouve au coeur de cinq procès, a conforté les doutes de certains vis-à-vis du secteur. Ce confectionneur de chemises shanghaïen, créé en 2005, s’était forgé une notoriété en vendant uniquement sur internet. Il a annoncé, en janvier, avoir multiplié par neuf son chiffre d’affaires en 2007.
Pourtant, PPG est aujourd’hui poursuivi par des fournisseurs et agents publicitaires qui affirment ne pas avoir été payés, et « des rumeurs courent quant à la santé financière délicate du groupe », a relevé fin janvier l’agence officielle Chine Nouvelle.
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