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Facebook : théâtre de la violence scolaire ordinaire

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Les 2 et 3 mai derniers ont eu lieu les Assises nationales sur le harcèlement à l’école.

En effet, la violence scolaire est un phénomène dont l’ampleur avait été jusqu’alors nettement sous-estimée en France, contrairement à nos voisins anglo-saxons qui se consacrent à la lutte contre le « bullying » avec beaucoup d’énergie.

Les réseaux sociaux favorisent la violence à l’école

Si la cruauté dont peuvent faire preuve certains enfants les uns envers les autres n’est pas nouvelle, force est de constater que le développement d’Internet leur offre de nouvelles opportunités de laisser libre cours à leur violence.

Ainsi, le harcèlement qui conduit le groupe à exclure un élève peut se poursuivre bien au-delà de la vie en collectivité dans l’enceinte de l’école, et prend place désormais sur les réseaux sociaux, permettant de décupler ces faits de harcèlement d’un genre nouveau.

C’est ainsi que le ministre de l’éducation, Luc Chatel, reconnaissait lors de l’allocution prononcée à l’occasion des Assises nationales sur le harcèlement à l’école, que le corps enseignant et l’institution qu’il représente n’avaient que tardivement pris conscience des risques liés au harcèlement des élèves sur l’Internet et qu’il fallait mettre en place des moyens de lutte efficaces contre ces comportements.

En effet, les réseaux sociaux, à l’instar de Facebook ou de MSN, permettent de livrer de véritables cabales contre les têtes de turc du collège. Les élèves créent notamment des « groupes » destinés à vilipender l’un des leurs, qui sont des pages accessibles à plusieurs utilisateurs, à l’instar des pages de fans.

Or, les dommages causés par ce type de harcèlement chez les adolescents peuvent être extrêmement graves et conduire à des dépressions ou bien des attitudes autodestructrices.

La détresse des enfants souffrant de harcèlement est souvent tue, c’est pourquoi il incombe de sensibiliser les acteurs du monde éducatif aux nouvelles pratiques qui se développent grâce à l’émergence de nouveaux moyens de communication, et ce d’autant plus que les adultes qui encadrent les adolescents sont parfois réticents à intervenir sur les réseaux sociaux.

le Ministre de l’éducation nationale annonce la conclusion d’un accord de principe avec Facebook

C’est dans ce contexte que le Ministre de l’éducation nationale a annoncé la conclusion d’un accord de principe avec Facebook en vue de la fermeture systématique des comptes Facebook des enfants qui en harcèlent d’autres par le biais de ce moyen de communication. 

La société Facebook a quant à elle annoncé la mise en place de ressources dédiées telles que le centre de sécurité Facebook ou la possibilité des signalements systématiques d’abus disponible sur le site.

En outre, le Ministre a fait part de ce que pour les cas les plus graves, un accompagnement adapté serait proposé par l’OCLCTIC (Office Centre de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication) pour aider les familles jusqu’au dépôt de plainte.

Cet accompagnement serait prévu pour les faits les plus graves tels que le racket en ligne. 

En revanche, aucune date d’effectivité de ces dispositifs n’a été mentionnée par Monsieur Luc Chatel.

En outre, on peut s’interroger sur les modalités de mise en œuvre de ces dispositifs.

Ainsi, comment va s’opérer la fermeture des comptes Facebook des adolescents concernés ? Sur quelles preuves ? Quelles seront les personnes habilitées à faire ce signalement ? Comment se fera-t-il ? Les fermetures des comptes seront-elles définitives ?

Si le harcèlement est passible d’une peine d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende (article 222-33-2 du Code Pénal), il n’en demeure pas moins qu’il faudra arbitrer entre la prévention des violences scolaires sur les réseaux et la liberté d’expression des internautes est un droit fondamental.

Enfin, l’efficacité de la fermeture des comptes Facebook des utilisateurs qui utiliseraient ce moyen de communication pour harceler un élève semble relativement limitée.

En effet, il suffit de disposer d’une adresse mail valide pour créer un compte sur n’importe quel réseau social.

Dès lors, il y a fort à parier que les adolescents visés par une telle mesure s’empresseront de créer un autre compte sous un pseudonyme différent, sans pour autant mettre fin à leurs agissements, à moins que les administrateurs desdits réseaux ne bloquent leur adresse IP.

Il importe par conséquent d’être extrêmement vigilent en matière de prévention et de rappeler aux mineurs quels sont les risques liés à l’utilisation des réseaux sociaux, mais également quelles sont les responsabilités qui pèsent sur le créateur d’un contenu mis à la disposition du public sur internet.

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