Maîtriser notre avenir technologique pour réhumaniser le monde
« Nous devrons aimer notre temps et aider l’homme de notre temps. »
Jean-Paul II
Je me souviens d’un article publié en 2000 par Bill Joy, cofondateur de Sun Microsystems « Pourquoi le futur n’a pas besoin de nous » car d’après lui la prolifération des nanotechnologies allait détruire toute vie terrestre. 17 ans plus tard, cette perspective semble se préciser à mesure que les nouvelles technologies, maintenant dotées d’intelligence artificielle, peuvent prendre le pouvoir sur les humains, voire« conduire à l’extinction de la race humaine » (comme le proclame le physicien Stephen Hawking).
Désormais l’enjeu n’est plus de savoir si le numérique va détruire des milliers d’emplois. Il dépasse également la problématique de l’homme augmenté et le rêve d’immortalité cher aux transhumanistes. Pour moi, l’enjeu est de savoir si les machines deviendront si puissantes qu’elles surpasseront les capacités humaines, qu’il ne restera plus aux hommes d’activités qu’elles ne pourraient accomplir plus efficacement. En outre, l’intelligence artificielle, en raison de ses capacités inédites à traiter des données de masse (Big Data), le progrès des processeurs et leur puissance de calcul, le développement des méthodes d’apprentissage profond (« deep learning ») nourrissent d’immenses espoirs et craintes.
Cela implique que nous fassions preuve d’une grande vigilance. Certes, de ces progrès dépendra indéniablement une quantité de changements prometteurs. Toutefois ils soulèveront également d’immenses risques. En effet, que feront les géants du Web lorsqu’ils auront acquis, grâce aux données fort diverses et souvent intimes que nous confions, tous les pouvoirs de nous manipuler ?
La réalité risque de dépasser rapidement la fiction « 1984 » de George Orwell.
Au-delà du numérique, bien d’autres domaines sont concernés, la génétique, l’énergie, les nanotechnologies. Peut-être que notre liberté est déjà en danger : les dirigeants de ces grandes entreprises technologiques voulant définir le monde dans lequel nous vivrons demain. Il est donc primordial d’éviter que ces entreprises imposent leurs choix au monde, au détriment des puissances publiques, dans tous les domaines de notre vie sociale et privée.
Nous devons être capable de maîtriser notre avenir technologique et réhumaniser le monde.
Pour cela, il faut se fixer des règles extrêmement strictes qui devront être nos règles futures que décrit Jean Hervé Lorenzi dans son remarquable ouvrage « L’avenir de notre liberté ».
Pour il cela, il conviendra vraisemblablement de :
- Casser les monopoles technologiques ;
- Redéfinir une éthique mondiale ;
- Restaurer une vraie privacy ;
- Remettre la technologie au centre de la postérité ;
- Redéfinir une vraie gouvernance mondiale
Finalement, le progrès technologique, comme ce fut presque toujours le cas dans l’histoire humaine, doit créer des conditions de progrès économique et social conçues pour le bien de tous, et non pas être l’objet de prophéties de qui que ce soit.
C’est pourquoi, nous pensons qu’à côté d’un monde dominé par la technique et ses prophètes, nous choisirons toujours un monde où la technique doit être au service de l’humain et le progrès doit servir à l’épanouissement des uns et des autres.