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Transferts d’argent : vers une transformation des modes de paiement

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Par  Legalfab – Marie  d’Auvergne
Les entreprises qui se lancent dans le marché du transfert d’argent sont de plus en plus nombreuses. L’attractivité de ce marché se comprend aisément : les migrants qui quittent leur pays pour s’installer à l’étranger envoient souvent de l’argent à leurs proches. La Banque mondiale estime ainsi à 581 milliards de dollars les envois de fonds vers l’étranger en 2014, pays développés et pays en développement compris.
Aujourd’hui, ce marché n’est plus seulement réservé aux opérateurs bancaires. L’assouplissement de la règlementation européenne a permis d’élargir la concurrence dans ce domaine et d’ouvrir le marché à de nouveaux acteurs, souvent appelés « FinTech ». La directive européenne sur les services de paiement (DSP2), révisée le 8 octobre 2015, soumet ces nouveaux intermédiaires associant la technologie aux services financiers aux mêmes règles que les banques.
La concurrence n’utilise pourtant pas les mêmes canaux que les entreprises historiquement installées dans ce secteur : elle a en effet recours à des services digitalisés pour effectuer les transactions, alors que Western Union et MoneyGram s’en tiennent à l’envoi traditionnel d’argent par la voie postale.
WorldRemit, concurrent direct de Western Union et MoneyGram, est une start-up britannique de transfert d’argent en ligne créée en 2010. Présente dans une cinquantaine de pays pour l’expédition et dans plus de 125 pays pour la destination des fonds, elle permet à ses utilisateurs d’envoyer de l’argent à l’étranger à partir d’un ordinateur, d’un smartphone ou d’une tablette.
C’est donc la principale innovation de cette jeune entreprise, et aussi son principal intérêt : le client n’a pas besoin de se déplacer dans une agence ou, en France, dans un bureau de tabac, pour réaliser un transfert d’argent. Il lui suffit de se connecter sur le site Web ou de se rendre sur l’application mobile, et d’utiliser son compte bancaire ou sa carte de crédit pour déposer de l’argent. Grâce à un réseau de banques et d’opérateurs de téléphonie mobile partenaires, les transferts s’effectuent ensuite vers un compte, un portefeuille électronique ou un point de retrait en espèces, sorte de guichet local, dans les pays concernés.
Gain de temps donc, puisque l’argent est transféré beaucoup plus rapidement que par voie postale, mais aussi gain d’argent.
En effet, l’autre point fort de ce concept revendiqué par WorldRemit réside dans le fait de ne demander que des frais fixes et relativement faibles pour chaque transaction, alors que de leur côté, les acteurs traditionnels demandent des commissions d’environ 12,5%. De tels frais, parfois exorbitants, peuvent vite constituer un obstacle à l’envoi de fonds vers l’étranger, surtout lorsqu’il s’agit de montants modestes.
Fort de son succès, le fondateur de WorldRemit souhaite lancer une nouvelle initiative. Il estime que les services de transfert d’argent devront dans le futur se développer en lien avec les entreprises de messagerie en ligne et voudrait donc fusionner les deux offres.
Sur ce point, le géant Apple a déposé un brevet en décembre 2015 pour permettre à ses clients d’envoyer de l’argent par un iMessage, un appel ou un mail (via son application iMessage). L’idée est de pouvoir, au cours d’une simple conversation, choisir une nouvelle option qui s’intitulera « faire un paiement ».
Ce modèle présente indéniablement de nombreux avantages pour ses utilisateurs et ne cesse donc d’attirer de nouveaux investisseurs. Pourtant, selon Western Union, la part des transactions digitales ne représente actuellement que 10% des flux.
La France n’est pas en reste
En France, Afrimarket s’est également lancée en 2013 dans le transfert d’argent. La start-up parisienne se détache des autres entreprises par l’originalité de son concept, qui repose sur un transfert d’argent cash to goods, et non plus cash to cash, et par son choix délibéré de se spécialiser dans le transfert d’argent vers l’Afrique.
Choix judicieux semble-t-il, puisque, selon la Banque mondiale, 60 milliards de dollars transitent chaque année vers l’Afrique.Afrimarket a déjà bénéficié de deux levées de fonds, et notamment de celle d’Orange à hauteur d’un million d’euros.
Conversion de l’argent en bons d’achat
Les sommes que cette jeune entreprise fait transiter ne peuvent être transformées qu’en biens par les destinataires auprès d’un réseau de commerçants partenaires présent dans le pays. L’expéditeur envoie l’argent auprès du commerçant partenaire sur place, et l’utilisateur ne pourra retirer que les biens pour lesquels les fonds auront été envoyés.
L’entreprise, implantée dans certains pays d’Afrique pour l’instant, met en avant la qualité des partenaires qu’elle choisit (les meilleures pharmacies, les meilleurs produits, etc.). Elle permet aux expéditeurs de connaître et de contrôler l’utilisation des fonds qu’ils envoient, et aux destinataires d’être sûrs de bien récupérer l’argent qu’on leur a envoyé. Il n’est en effet pas rare que l’argent envoyé atterrisse entre les mains du mauvais destinataire. Enfin, elle ne prend qu’une commission de 5% sur les montants envoyés et ce, sans seuil minimum.
Cette croissance de nouvelles FinTech  n’empêche pas le développement du secteur informel : près de la moitié des transferts d’argent dans le monde se ferait de la main à la main. Un tel manque de transparence présente des risques à la fois pour les utilisateurs et pour les autorités, qui n’ont aucun contrôle sur ces flux. L’émergence d’une concurrence est donc nécessaire pour endiguer ce phénomène car les nouveaux acteurs offrent des services règlementés.
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